Affaires d’identité ? Identités à faire !

Sous titre
Le travail social interculturel face aux dynamiques identitaires (ethnoreligieuses) des jeunes publics de la commune de Schaerbeek
Promoteur.trice.s
Chercheur.e.s
Sources de financement
Echevinat de l'Intégration sociale de Schaerbeek

Cette recherche-action est menée à Schaerbeek, municipalité bruxelloise de 120.000 habitants où les personnes d’origine immigrée constituent une partie importante de la population. Les Schaerbeekois issus de l’immigration sont très diversifiés de par leur origine, même si une prédominance marocaine et turque est perceptible.

La partie « recherche » analyse la problématique de la production d’identifications ethnonationales et religieuses chez les adolescents d’origine étrangère de la commune, qui vivent le plus souvent dans un contexte où la stratification ethnique du travail, la ségrégation spatiale de l’habitat et la précarisation des populations migrantes constituent la règle. D’après l’hypothèse de la recherche, les groupes minoritaires d’origine immigrée développent souvent un formalisme rigide en matière d’ethnicité et de religiosité pour surmonter le sentiment d’insécurité identitaire (peur de l’assimilation), pour combattre la minorisation symbolique (stigmatisation culturelle et sentiment d’infériorité par rapport aux membres de la société d’accueil) et pour faire face à l’incertitude sociale (échec scolaire, difficultés socio-économiques et dénis de droits). Les mobilisations identitaires ethniques et religieuses semblent être les armes de l’exclu contemporain dans sa résistance socio-économique et sa lutte pour la reconnaissance sociale. Les ressources identitaires mobilisées par ces groupes visent en fait à obtenir des biens symboliques, comme la légitimité sociale, la reconnaissance culturelle et l’estime de soi, inaccessibles par d’autres voies.

La partie « recherche » a donné lieu à la publication d’un premier rapport, qui sera retravaillé et remis à jour en janvier 2011. La partie « action » du projet se focalise sur la valorisation de l’expérience humaine et du savoir-faire professionnel accumulé par les animateurs sociaux de la municipalité schaerbeekoise et les travailleurs des associations de Schaerbeek offrant des activités éducatives et culturelles ainsi que de la guidance sociale aux jeunes de la commune. Selon la méthodologie qualitative adoptée, il est question de réunir ces acteurs de terrain en groupes de discussion afin de faire surgir en quoi et comment sont-ils confrontés aux expressions exclusivistes et conflictuelles des différences ethnonationales et religieuses de leurs publics ? Quelles sont ces différentes expressions ethnicistes ou nationalistes ou encore religieuses auxquelles ils doivent faire face ? L’objectif étant de socialiser et de systématiser leur expérience quotidienne et leurs compétences professionnelles dans ce domaine afin de participer à la prévention des discours exclusivistes et haineux, ainsi que de contribuer à la formulation de messages interculturels qu’ils souhaitent transmettre à ces publics en tant qu’acteurs en cohésion sociale et éducateurs à la citoyenneté.

La seconde phase de la recherche-action, c’est-à-dire sa partie « action », a débuté en juin 2009 et s’est prolongée jusqu’en janvier 2011. Six séances de 3 heures de formation-discussion ont été prévues pour trois groupes différents de travailleurs sociaux. Au total, 32 travailleurs sociaux et coordinateurs d’associations locales ont participé à cette formation à propos des identifications ethnoculturelles et nationales des jeunes usages de leurs activités professionnelles et sur base des acquis de la partie « recherche ».